En jeu

PIERRES DE COLÈRE

Un cycle de créations par la Compagnie de la Troisième Métamorphose

 

Avec ce cycle de créations prévues sur trois années (2020-2023), la compagnie de la Troisième Métamorphose souhaite interroger la liberté de notre expression émotionnelle et notamment de notre colère.

S’appuyant sur différentes expressions artistiques - théâtre, danse et musique -, chaque pièce cherche à baliser les espaces formatés par la société médiatique dans nos paysages intimes.

Chaque création propose de combler ces lacunes en élargissant notre palette émotionnelle afin de sortir de la domination de l’affect et de retrouver des sensations plus fines, plus nuancées.

En particulier, nous cherchons à explorer les raisons et les effets de nos colères.

Ainsi, chaque pièce est une pierre qui vient construire notre Cité-Rebelle et le cycle, une errance au cœur de ces constructions séditieuses.

  " Ce sont nos émotions qui nous poussent à l’action.

Parmi elles, la colère est un puissant moteur à nos agissements. Lorsqu’elle est nourrie par la jalousie, l’envie ou la contrariété, elle conduit souvent à la perte de contrôle, au déchaînement de violence et à la destruction.

Mais la colère est aussi une réaction légitime et essentielle contre les injustices et un ressort fondamental dans la quête d’émancipation de l’Etre Humain. Sans elle, la Révolution de 1789 n’aurait pas eu lieu.

Pourtant, la colère est malvenue : péché capital pour le religieux, discours inaudible pour le politique, démon intérieur préjudiciable au vivre-ensemble pour le bien-pensant.

Pourquoi est-il aujourd’hui inadapté de se mettre en colère,en privé, comme en public ?

Notre colère met-elle en péril notre société ?

C’est en effet dans son expression que naît la rébellion.

Nos démocraties craignent-elles de ne pouvoir répondre à nos colères ? 

Le bannissement de certaines de nos émotions relève-t-il d’une démarche auto-protectrice du système ?

Le refoulement de nos colères serait alors le fruit d’une manipulation volontaire destinée à empêcher l’émergence de toute contestation dans nos sociétés.

Dans ce cas, par quels moyens le pouvoir réussit-il à juguler nos colères ?

La société médiatique - émanation de la société spectaculaire au service du marketing et du pouvoir - formate nos émotions en imposant une dictature de l’affect à travers son traitement de l’information et son omniprésence. La compassion envers les victimes est magnifiée au détriment de toute autre réaction. La complaisance et la glorification de la victimisation nous empêchent de nous attaquer aux racines du mal. Le héros n’est plus celui qui agit mais celui qui pleure.

 Il n’y a plus de place à la remise en question. Il n’y a plus de place à l’insurrection. On tolère tout juste les indignations qui respectent le cadre et le protocole. Pourtant notre monde regorge de ces situations intolérables qui devraient nous émouvoir au point de nous faire agir. Sommes-nous même encore libres de ressentir ?"

Kevin HOUDEMONTco-directeur artistique de la ctm
Hélène WEISZBERG co-directrice artistique de la ctm